Réinstaller le travail au sein du poétique

27 Juin 2021, 17:26pm

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Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu'il redevienne un lieu d'accomplissement, d'invention sociale et de construction de soi, ou alors qu'il en soit un outil secondaire parmi d'autres.  Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d'arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu'à l'équation d'une activité à haute incandescence créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s'envisagera dans ce qu'il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu'il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... Il s'envisagera en " tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue "

 

Patrick Chamoiseau et al.,  Manifeste pour les "produits" de haute nécessité, Ed. Galaade.

 

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L’idée du monde n’y suffit pas

27 Juin 2021, 17:24pm

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Alors, sortons, levons nous d’Ouest, quittons ce Couchant, virons par exemple en secrète et tourmentée Afrique ! J’accepte que notre langage soit offensant, dru et cru, de mamelles ouvertes, de poils sûrs, de poussières d’insultes, de hoquets lucides, il faut injurier la misère et aplatir les profiteurs. Mais j’allume aussi un boucan de solennités, là où il convient de durer, là où la Relation n’est pas de ceci à cela mais du tout au tout. Il est bien vrai que les ennemis du vivant craignent surtout non pas la totalité mais la diversité, non pas l’altérité mais l’étrange et exigeante mixité.

Aucune poétique n’est “universelle “ pour nous. L’idée du monde n’y suffit pas. Les poétiques fuient l’impeccable perfection de leur propos même, se donnent au tremblement. Les anciens poèmes, les poèmes incertains d’alentour, l’inspiration des amis, le cri au loin. L’idée du monde n’est vivante que de s’autoriser des imaginaires du monde, où s’annonce que mon lieu inlassablement conjoint à d’autres, et en quoi sans bouger il s’aventure, et comment il m’emporte dans ce mouvement immobile.

 

Edouard Glissant, La terre le feu l’eau et les vents, une anthologie de la poésie tout monde, Ed. Galaade.

 

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Ateliers 2020 Learning From La Roseraie

10 Février 2021, 12:12pm

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https://issuu.com/daniel-estevez/docs/livret_lf_la_roseraie_2020

https://issuu.com/daniel-estevez/docs/livret_lf_la_roseraie_2020

 

livret 2020 Learning From La Roseraie

 

Ce document présente des extraits de travaux et recherches réalisés entre octobre 2020 et janvier 2021 par l'atelier Learning From dans un immeuble du quartier La Roseraie à Toulouse (France). Le bâtiment est destiné à l'hébergement d'urgence des personnes en grande précarité. Son occupation temporaire est organisée par plusieurs associations dont principalement l'UCRM (https://ucrm.fr/) qui nous a permis de travailler sur place durant les difficiles périodes de confinement.

Nous avons ainsi pu éviter l'usage de la visioconférence et de tous les dispositifs numériques de travail qui sont totalement inopérants dans le cadre d'un enseignement de l'architecture fondé sur l'action. Le soutien de l'agence Hors Piste Architecture, chargée de la gestion du bâtiment, a été capital dans ce contexte difficile. Son nom est plus qu'un identifiant, c'est une attitude de travail et un programme à venir : travailler hors des pistes...

 

 

 

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Une architecture vivante - traduction du livre A Pattern Language

22 Décembre 2020, 12:39pm

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Une architecture vivante - traduction du livre A Pattern Language
Une architecture vivante - traduction du livre A Pattern Language

A pattern language est un livre collectif dirigé par l’architecte Christopher Alexander et publié en 1977. Ouvrage phare dans les milieux académiques et professionnels anglophones de la fin du XXème siècle, il n’a jamais été traduit en français. Le texte est marqué par les théories du langage (linguistique). L’architecture et la ville y sont considérées comme des assemblages signifiants de motifs, à la manière d’un texte composé de mots formant des phrases.

Dans ce livre la conception architecturale n’est donc pas appréhendée comme un exercice de résolution de problème mais comme une tâche d’expression. L’architecte agit comme un écrivain, et ce livre propose un dictionnaire des situations qui font la ville. Il est destiné à tous les publics.

Les motifs décrits dans le livre sont des sortes de fragments d’architecture vécue, ce sont des unités indépendantes sans lien déterminé entre elles et sont décrites sous la forme d’une liste non hiérarchisée, elle-même inachevée car le lecteur est invité à poursuivre cet inventaire. Aucun modèle ne préside à l’utilisation de ces 243 motifs indépendants qui constituent le livre.

Le mot pattern dans le livre articule deux principes : la récurrence (un motif provient de l’observation de la vie sociale et des invariants qui s’y retrouvent), l’exemplarité (un motif provient d’un jugement sur l’intérêt de la situation vécue). Ce terme oscille également entre deux pôles : une visée fonctionnelle (des motifs-recettes), une visée thématique (des motifs-principes généraux). Enfin, les patterns sont considérés comme les mots d’un langage et à ce titre ils sont complets (signifiants et « totipotents » ), c’est à dire qu’ils désignent des situations qui contiennent tous les aspects de l’architecture à l’échelle du pattern lui-même (usage, espace, réalisation matérielle, réalité perceptive). Ce sont des petits mondes (Nelson Goodman « manières de faire des mondes ») Paradoxalement, du fait de son organisation éditoriale, le livre obéit à un découpage scalaire de l’architecture et de la ville, partant du phénomène de grande taille (le pays, la région etc.) pour aboutir graduellement au détail (objets de décoration sur une table). Ce qui conduit à penser que la « totipotence » des patterns n’est pas entièrement assumée par les auteurs. Comme dans tout dictionnaire, chaque mot doit être considéré indépendamment des autres afin de laisser libre cours à tout assemblage.

Aujourd’hui, par ce wiki ouvert, l’atelier Learning From propose un chantier de traduction critique en français du livre de Alexander. Le qualificatif « critique » est ajouté pour trois raisons :
1. Nous voudrions une traduction qui assume complètement le caractère indifférencié, horizontal, multiple et fragmentaire que nous percevons dans le livre original. Cette idée nous conduit à ne pas retenir les principes de grammaire générative qui sont présents dans l’ouvrage initial. Nous ne suggérons donc aucune règle d’assemblage, aucune grammaire, ni aucune bonne manière de réunir les situations élémentaires.
2. La dimension critique de la traduction doit apparaître dans chaque contre-description qui est associée à chaque traduction. Cette description critique peut réunir des discussions sous forme de textes et citations, des photographies pour une illustration contemporaine du motif, des documents vidéographiques et même des dessins de projet de l’atelier.
3. La participation de tout lecteur à l’amélioration des traductions et aux recherches d’exemples de motifs, nous semble être une façon intéressante de poursuivre le chantier ouvert par Alexander. Il s’agit de mettre en place un processus continu de partage de connaissances et de réflexion publique sur l’architecture mais une réflexion précise, située et contextuelle.

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L'hébergement d'urgence à La Roseraie

16 Décembre 2020, 15:22pm

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photographies Atelier LF et Jaufret Barrot

photographies Atelier LF et Jaufret Barrot

Les étudiants en architecture de l’atelier de master Learning From (ENSA Toulouse) travaillent sur les situations d’habitat critique. Depuis 2010, cet atelier réalise des études sur des situations très diverses aussi bien en France qu’à l’international. En 2020 l’atelier a décidé d’amorcer un travail sur l’immeuble situé au 161 Rue Louis Plana à La Roseraie. Cette ancienne résidence étudiante de l’ENSICA regroupe 115 chambres sur 5 étages, plusieurs pièces communes en rez de chaussée et une salle de restauration-foyer assez vaste. L’agence Hors-Piste Architectures, en lien avec différentes associations et acteurs du secteur de l’hébergement d’urgence, a mis en place une occupation temporaire de ce bâtiment qui abrite environ 220 personnes dont de nombreuses familles. Les étudiants architectes de l’atelier Learning From étudient les situations d’occupation de l’espace, d’organisation matérielle de l’habitat et de la vie quotidienne sur ce terrain. Il s’agit de comprendre le fonctionnement de cet habitat temporaire, d’envisager les améliorations possibles et de soutenir le travail social qui est fait sur place.

Le travail des étudiants s’oriente dans deux directions:

1. Comprendre et améliorer la vie quotidienne dans la résidence d’hébergement

Dans ce but, les étudiants doivent mener des observations sur place au niveau des personnes et des familles (faire des entretiens, avoir des échanges, produire relevés et dessin des lieux habités). Ils font aussi des analyses du collectif (textes d’observation sur site, photographies, vidéos, relevés et dessin des lieux collectifs). A partir de ce matériel, le groupe d’étudiant va dessiner un ensemble de projets prospectifs sur le bâtiment. Ces projets répondront aux différents thèmes d’amélioration que nos observations permettent de dégager. Les recherches en cours sur les thèmes d’amélioration de la vie quotidienne peuvent être consultées sur le wiki de l’atelier à cette adresse :  https://ferme.yeswiki.net/ pattern/?PagePrincipale

2. Organiser un événement collectif dans la salle du foyer de la résidence 

Le groupe d’étudiant architecte projette de créer un événement convivial dans la salle de l’ancien foyer actuellement laissée à l’abandon à l’arrière de l’immeuble. Cet événement (peut-être un workshop ou des ateliers collectifs de formation ou un festival...) aurait pour but de renforcer les liens et l’entraide entre les personnes dans la communauté de la résidence. Ce projet veut s’inscrire en cohérence avec le travail social qui est mené par l’équipe actuelle sur place.  Le programme de cet événement est en cours d’élaboration. Il pourrait réunir durant plusieurs jours des ateliers de fabrication de mobilier par le réemploi, des ateliers de décoration de l’espace, des projections vidéo, etc. Il pourrait être l’occasion d’échanger autour des projets proposés par les étudiants.

Nous pourrons nous rencontrer jeudi 17 décembre 2020 à 16h devant le hall de la résidence où un goûter-café sera proposé par les étudiants architectes de notre atelier Learning From.

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On part de A pour aller à B, on arrive jamais jusqu'à B

11 Octobre 2020, 19:09pm

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"Je prends l’exemple d’une route. Herbert Simon divise le chemin en petits éléments, de A à B, jusqu’à Z, tout en faisant une enquête sur le paysage, le contexte. Il stocke ces informations et ne revient pas dessus. Or, c’est quand ces informations sont réunies qu’elles commencent à entrer en relation, à vivre. Les rationalistes avancent pour ainsi dire sans rétroviseur, et c’est comme ça qu’ils ont tout foutu en l’air, en ne tenant pas compte des opinions et des besoins. Au bout du compte, ils ont détruit la planète. Le contexte est là où tout commence, et il convient de respecter une chose irrationnelle. Aujourd’hui, la construction est une liturgie, un rite que personne ne questionne. L’incrémentalisme est une façon différente d’aborder la construction : il faut forcément un planning, là n’est pas la question. Mais il faut aussi de la flexibilité, et il faut aimer le flou qui rend possible cette flexibilité. On part de A pour aller à B, on n’arrive jamais jusqu’à B car, quand le contexte est informé, il écoute et il change. On arrive donc à un B bis, et ainsi, étape par étape, on obtient un résultat, peut-être plus adéquat que le B initialement visé. "

Lucien Kroll, architecte incrémental, https://www.espazium.ch/fr/actualites/lucien-kroll-architecte-incremental

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Contre la dilution standardisée

15 Septembre 2020, 11:02am

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"La mondialisation, conçue comme non-lieu, en effet mènerait à une dilution standardisée. Mais pour chacun de nous, la trace qui va de son lieu au monde et retour et aller encore et retour encore indique la seule permanence. 

Le monde en sa totalité accomplie ne peut pas être considérée comme raison suffisante, généralité enfantant sa propre généralisation.

La trame du monde s'avive de toutes les particularités, quantifiées ; de tous les lieux, reconnus. La totalité n'est pas ce qu'on dit être l'universel, elle est la quantité finie et réalisée de l'infini détail du réel. Et qui, d'être au détail, n'est pas totalitaire."

Edouard Glissant, Traité du Tout-Monde, Poétique IV

Casque de Jupiter (aconit napel)

Casque de Jupiter (aconit napel)

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I don’t want to produce buildings

6 Décembre 2019, 10:29am

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I don’t want to produce buildings

Carin Smuts: “I don’t want to produce buildings”

6 August 2019 - 10h08

 

Convinced that she can improve the social situation in her country through architecture, Carin Smuts founded CS Studio in 1989 in Cape Town, South Africa. Enjoying internationally acclaim thanks to her awards, she works mainly for the general public, and privileges the human dimension in her projects. In a country that is still suffering from great social inequality, the architect explains to us at her South African office how she wants to “impact” the lives of the least well-off.

Her rainbow office is visible from a long distance, and stands out from the luxury homes that overlook the costa along Ocean View Drive on the hills of Seapoint. Behind these colourful facades, Carin Smuts has installed her industrial-style open space where six people work together. Direct and bubbling with energy, this fifty-year-old has made herself noticed in France, where she has won a number of awards and an honorary title – she has been a Chevalier dans l’Ordre des Arts et des Lettres since 2015 – and is frequently invited to give lectures and attend conferences. “I teach at Confluences, Odile Decq’s new school in Lyon, and also occasionally in Toulouse, Nantes and Montpellier. I also work with Christophe Hutin in Bordeaux. He’s incredible”, she tells us. Despite winning an initial award at the Global Awards for Sustainable Architecture in 2008, her project at Follainville-Dennemont has not seen the light of day, and although Carin Smuts does not suffer from a lack of media attention abroad, she does not have the same aura in her native country. “I have never won a single award in South Africa”, she reveals, with a look full of undertones.

 

People at the heart of the project

Born in Pretoria in 1960 during the time of Apartheid, Carin Smuts turned to studying architecture based on a decision by her father. “He applied for me because I had registered to study dramatic arts”, she says with a laugh. An encounter in 1982 changed her plans for ever. “I was a university student when a group of domestic workers came looking for an architect. I was intrigued, and started to help them. They wanted to build a training workshop for young people in Cradock”, she remembers. It was impossible for Africans to own land during Apartheid. This first experience of contact with people shaped her approach. “Architectural students learn to design, think and work in a western way. For my part, I decided to listen to people. This is fundamental in our work. I’m more interested in the process and how people are involved. In our architecture, we have learned that the more questions you ask and the more you listen the better your final product is”, the architect says. To illustrate her words, she cites the submarine simulator project in Simon’s Town, which was completed in 2010, to which a number of changes were made after people had taken possession of the premises. “If they had been involved from the start, and not just a naval architect, we would have been more successful”, Carin Smuts assures us.

 

The example of Guga S’thebe

The greatest source of pride for the architect remains Guga S’thebe, a building constructed in the Langa district of Cape Town in 1999. “It’s an artistic and cultural village. We created a large number of workshops where different generations mingle. The location brings the vernacular and contemporary together. Thousands of people visit it every day, and it attracts a lot of publicity, which means that its users make an enormous amount of money from an 860sqm building!”, She explains with a smile on her lips. “I recently took a group of French people there”, she continues, “and when they left a ceramic artist’s workshop, the artist said to me « Thanks to you, I earned 30,000 Rand (Editor’s note: 2,000 euros) this afternoon selling my cups and plates ». You see how you have an impact on someone’s life”. It is for these moments that she works in this profession. When the country’s politics became involved, Carin Smuts stood up for what she believed in. “In 2004, I was forced to start a company in order to comply with the BEE (Black Economic Empowerment) criteria. The company was called Equity. It’s closed now, and it nearly killed me. The idea was to have access to public contracts, which are the heart of my business. To obtain offers to tender, you had to offer a lot of discounts. It was the biggest mistake I ever made”, she admits. With regard to criticisms about closing the company, Carin Smuts responds point blank: “I helped build this country. I don’t need to prove anything to anyone. If the fact that I’m white bothers anyone, it’s not my problem. I have worked and helped real people. In the townships, they know me better than they know the President. I don’t want to produce buildings; I want to empower people”.

 

Public before private work

In her work, she believes that longevity has three components: social, environmental and economic. Carin Smuts puts this principle into practice. She is currently working on securing land in the Six District of Cape Town so that she can build a cultural centre dedicated to apprenticeship on it and fight criminality. Although she does not do private work, she made an exception to the rule in 1997 for a “unique” idea. It was for the residence of the South African artist Willie Bester in Kuilsriver. “It’s not a house – it’s a sculpture. His studio is in the middle and all the rooms are around it”, she comments. In her everyday life, the architect begins her days relatively early, and loves mornings that favour creativity. “I try not to work on weekends unless I’m working on a competition and have a deadline, like for Helsinki (Editor’s note: a 2013 competition for a library). We build a lot of models. I also spend time in the townships meeting various important actors. My profession is very diversified and stimulating, and I don’t lead a boring life”, she acknowledges. If her architectural products sometimes leave Carin Smuts a little free time, she takes advantage of it to fill up her diary. In fact, she has just spent a month on La Réunion, where she lent her experience to a group of lucky students.

 

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Salut au monde

28 Novembre 2019, 10:31am

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Salut au monde

What do you see, Walt Whitman?
Who are they you salute, and that one after another salute you?
I see a great round wonder rolling through the air;
I see diminute farms, hamlets, ruins, grave-yards, jails, factories, palaces, hovels, huts of barbarians, tents of nomads, upon the surface; I see the shaded part on one side, where the sleepers are sleeping—and the sun-lit part on the other side,
I see the curious silent change of the light and shade,
I see distant lands, as real and near to the inhabitants of them, as my land is to me, I see plenteous waters;
I see mountain peaks—I see the sierras of Andes and Alleghanies, where they range;
I see plainly the Himalayas, Chian Shahs, Altays, Ghauts;
I see the Rocky Mountains, and the Peak of Winds;
I see the Styrian Alps, and the Karnac Alps;
I see the Pyrenees, Balks, Carpathians — and to the north the Dofrafields, and off at sea Mount Hecla;
I see Vesuvius and Etna — I see the Anahuacs;
I see the Mountains of the Moon, and the Snow Mountains, and the Red Mountains of Madagascar;
I see the Vermont hills, and the long string of Cordilleras;
I see the vast deserts of Western America;
I see the Lybian, Arabian, and Asiatic deserts;
I see huge dreadful Arctic and Antartic icebergs;
I see the superior oceans and the inferior ones—the Atlantic and Pacific, the sea of Mexico, the Brazilian sea, and the sea of Peru, The Japan waters, those of Hindostan, the China Sea, and the Gulf of Guinea,
The spread of the Baltic, Caspian, Bothnia, the British shores, and the Bay of Biscay,
The clear-sunn'd Mediterranean, and from one to another of its islands,
The inland fresh-tasted seas of North America,
The White Sea, and the sea around Greenland.

Walt Withman, trad. Louis Fabulet in Poèmes, Ed. Gallimard

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Quelques éclats de vie par effraction

23 Juillet 2019, 12:22pm

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Quelques éclats de vie par effraction

"[...] J'ai appris combien l'espace était précieux et à m'émerveiller de pouvoir faire dans ma maison des parties de cache-cache géant, une patinoire en hivers ou des soirées frite et cinéma en plein air et d'avoir un cagibi assez grand pour y abriter un vieux bateau, des carcasses de voitures, des tonnes d'inventions ratées et de quoi construire et meubler quelques maisons. Je m'émerveille un peu moins de ce que le rangement d'un espace où s'agglomèrent tant d'objets soit à ce point un défi quotidien.

Squatter m'a appris à voir la rue et les maisons comme des terrains de jeu et de construction, que l'on pouvait bâtir une mezzanine au-dessus de la route et y reconstituer minutieusement le Radeau de la Méduse en tableau vivant, péter le bitume pour planter des arbres et construire un square, suspendre une table de banquet avec des poulies à 5 mètres du sol, transpercer sa maison de bas en haut par un mât avec une vigie de bateau pirate à la cime, mettre 'le bon la brute et le truand' sur un ghettoblaster et passer l'après-midi à construire un four à pain en terre pour des pizza-parties et créer un village ouvert sur un quartier au milieu d'une technopole polluée, souder des chaussures à talon en acier, inventer un système de poêle à bois à double foyer avec un échafaudage et des bidons de fuel, fabriquer un moteur qui fonctionne à l'eau ou une machine à laver à pédales, tourner un film de zombies et attaquer les banques environnantes au ketchup ou se préparer à l'arrivée de la police en costume de Maya l'abeille avec un poste qui crache 'je voudrais mourir sur scène' de Dalida."

extrait Chroniques du pied de biche. Quelques éclats de vie par effraction

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Tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue

14 Mai 2019, 11:07am

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« Il nous faut donc réinstaller le travail au sein du poétique. Même acharné, même pénible, qu'il redevienne un lieu d'accomplissement, d'invention sociale et de construction de soi, ou alors qu'il en soit un outil secondaire parmi d'autres. 

Il y a des myriades de compétences, de talents, de créativités, de folies bienfaisantes, qui se trouvent en ce moment stérilisés dans les couloirs ANPE et les camps sans barbelés du chômage structurel né du capitalisme. Même quand nous nous serons débarrassés du dogme marchand, les avancées technologiques (vouées à la sobriété et à la décroissance sélective) nous aiderons à transformer la valeur-travail en une sorte d'arc-en-ciel, allant du simple outil accessoire jusqu'à l'équation d'une activité à haute incandescence créatrice. Le plein emploi ne sera pas du prosaïque productiviste, mais il s'envisagera dans ce qu'il peut créer en socialisation, en autoproduction, en temps libre, en temps mort, en ce qu'il pourra permettre de solidarités, de partages, de soutiens aux plus démantelés, de revitalisations écologiques de notre environnement... 

Il s'envisagera en " tout ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue ". 

Il y aura du travail et des revenus de citoyenneté dans ce qui stimule, qui aide à rêver, qui mène à méditer ou qui ouvre aux délices de l'ennui, qui installe en musique, qui oriente en randonnée dans le pays des livres, des arts, du chant, de la philosophie, de l'étude ou de la consommation de haute nécessité qui ouvre à création - créaconsommation. 

En valeur poétique, il n'existe ni chômage ni plein emploi ni assistanat, mais autorégénération et autoréorganisation, mais du possible à l'infini pour tous les talents, toutes les aspirations. En valeur poétique, le PIB des sociétés économiques révèle sa brutalité. 

Voici ce premier panier que nous apportons à toutes les tables de négociations et à leurs prolongements : que le principe de gratuité soit posé pour tout ce qui permet un dégagement des chaînes, une amplification de l'imaginaire, une stimulation des facultés cognitives, une mise en créativité de tous, un déboulé sans manman de l'esprit. Que ce principe balise les chemins vers le livre, les contes, le théâtre, la musique, la danse, les arts visuels, l'artisanat, la culture et l'agriculture... Qu'il soit inscrit au porche des maternelles, des écoles, des lycées et col- lèges, des universités et de tous les lieux connaissance et de formation... Qu'il ouvre à des usages créateurs des technologies neuves et du cyberespace. Qu'il favorise tout ce qui permet d'entrer en Relation (rencontres, contacts, coopérations, interactions, errances qui orientent) avec les virtualités imprévisibles du Tout-Monde... C'est le gratuit en son principe qui permettra aux politiques sociales et culturelles publiques de déterminer l'ampleur des exceptions. 

C'est à partir de ce principe que nous devrons imaginer des échelles non marchandes allant du totalement gratuit à la participation réduite ou symbolique, du financement public au finance- ment individuel et volontaire... C'est le gratuit en son principe qui devrait s'installer aux fondements de nos sociétés neuves et de nos solidarités imaginantes... 

Nous appelons donc à ces utopies où le Politique ne serait pas réduit à la gestion des misères inadmissibles ni à la régulation des sauvageries du " Marché ", mais où il retrouverait son essence au service de tout ce qui confère une âme au prosaïque en le dépassant ou en l'instrumentalisant de la manière la plus étroite. 

Nous appelons à une haute politique, à un art politique, qui installe l'individu, sa relation à l'Autre, au centre d'un projet commun où règne ce que la vie a de plus exigeant, de plus intense et de plus éclatant, et donc de plus sensible à la beauté. »

2009 - MANIFESTE pour les “produits” de haute nécessité Martinique Guadeloupe Guyane Réunion. Ernest BRELEUR, Patrick CHAMOISEAU, Serge DOMI, Gérard DELVER, Edouard GLISSANT, Guillaume PIGEARD DE GURBERT, Olivier PORTECOP, Olivier PULVAR Jean-Claude WILLIAM

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Quelle chance est la nôtre d'être dans notre brousse libre !

5 Avril 2019, 19:10pm

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Quelle chance est la nôtre d'être dans notre brousse libre !

Début décembre 1935, obligation nous fut faite d'aller à Paris pour l'équipement de l'internat de notre école. L'occasion se présenta pour nous de faire une visite éclair à l'école de plein air de Suresne. Henri Sellier, maire socialiste, avait réalisé là, de façon grandiose l'interpénétration des immeubles et de la nature dans une perspective d'hygiène et de besoin social, dans un modernisme soucieux d'air, de lumière et d'esthétique. L'école venait à peine d'ouvrir ses portes. en fait, toutes les portes, et mieux encore les parois de verre transformaient toutes les classes en écoles de plein air car elles coulissaient d'elles mêmes pour donner accès aux vastes jardins, au parc dont les essences d'arbres étaient des plus variées. L'ensemble architectural, l'organisation fonctionnelle de tous les bâtiments, la richesse structurelle des locaux, la profusion des détails de commodité, pensés, venus à point à la disposition des besoins de l'enfant étaient une telle réussite qu'ils semblaient jeter un défi à toute autre initiative du genre.

Piscine, terrain de jeux, jardins s'inscrivaient harmonieusement dans une nature adroitement civilisée, projection dans la cité d'un terroir ayant perdu ses exubérances un peu folles pour devenir plus accueillant à la promenade improvisée ou à la leçon de chose imposée par les programmes strictement respectés ici.

L'effectif était constitué par plus de deux cents élèves de Suresne, choisis parmi les enfants de santé fragile et les cas sociaux. Des autocars faisaient le ramassage des enfants le matin et les ramenaient le soir vers leur foyer ouvrier, après une fastueuse journée passée dans un milieu scolaire et naturel qui, jouissant de tout le confort bourgeois, leur faisait inévitablement sentir l'aliénation de la classe prolétarienne. Pourquoi les enfants du peuple ne jouiraient-ils pas des biens dévolus aux seuls enfants de riche ? l'argument n'était hélas valable que pour les deux cents petits privilégiés de Suresne et cela pendant quelques semaines ou quelques mois car, leur santé rétablie, il fallait reprendre le chemin de la communale et de l'humble logis si ce n'était du taudis.

Cette transplantation de quelques heures dans ce monde insoupçonné, créé de toutes pièces par les spécialistes de toutes disciplines et de grand talent nous laissa quelque peu abasourdis... Nous marchions en silence entre les haies fleuries, nous orientant vers une sortie qui allait nous redonner liberté d'esprit et sentiment lucide de notre propre aventure.

"Quelle chance est la nôtre d'être dans notre brousse libre !

Nous sommes, nous, à un grand commencement qui exalte sans cesse nos initiatives et nos pouvoirs. À Suresne, ils sont d'emblée à un aboutissement si riche et si envoûtant qu'il est une aliénation permanente des possibilité d'invention des maîtres et des élèves.

C'est une conception erronée de l'éducation.

L'enfant doit apprendre à faire son nid même s'il ne siat pas le faire parfait tout d'un coup. C'est dès les plus jeunes années que doit se faire cet apprentissage pour servir d'assise solide à la montée de l'être vers la maîtrise. Après cette visite, je suis plus que jamais confiant dans l'à propos de notre réserve d'enfants. Il nous manque, il est vrai, le temps et l'argent c'est un handicap mais nous triompherons !" [...]

Le lendemain matin nous retrouvions notre brousse : nos enfants sauvages accouraient comme une envolée de moineaux au devant de la vieille auto nous ramenant de la gare. C'était visible, ils s'étaient fait beaux pour nous accueillir : nets de visage, les chevelures disciplinées, les bras tendus, le coeur offrant, ils étaient dans la spontanéité de cet instant des retrouvailles embellis d'un grand bonheur. Oui nous retrouvions "nos" enfants.

 

Elise Freinet, L'école Freinet réserve d'enfants, Maspero, 1975

Quelle chance est la nôtre d'être dans notre brousse libre !

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Architecte, se penser créole

27 Août 2018, 11:12am

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"L'urbaniste occidental voit dans Texaco une tumeur à l'ordre urbain. Incohérente. Insalubre. Une contestation active. Une menace. On lui dénie toute valeur architecturale ou sociale. Le discours politique est là dessus négateur. En clair c'est un problème. Mais raser c'est renvoyer le problème ailleurs, ou pire : ne pas l'envisager. Non, il nous faut congédier l'Occident et réapprendre à lire : réapprendre à inventer la ville. L'urbaniste ici-là, doit se penser créole avant même de penser."

 

"Texaco était ce que la ville conservait de l'humanité de la campagne. Et l'humanité est ce qu'il y a de plus précieux pour une ville. Et de plus fragile."

 

"Il faut désormais, à l'urbaniste créole, réamorcer d'autres tracées, en sorte de susciter en ville une contre-ville. Et autour de la ville, réinventer la campagne. L'architecte, c'est pourquoi, doit se faire musicien, sculpteur, peintre... - et l'urbaniste, poète."

 

Note de l'urbaniste au Marqueur de paroles. Texaco, Patrick Chamoiseau, Ed. Gallimard 1992

 

 

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Les routes

3 Février 2018, 14:08pm

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Mais pour le voyageur, seul maître de ses pas,

Qui par amour de vivre toutefois les mesure

Voici fleurir plus belles

Les routes.

 

 

 

Friedrich Hölderlin, Hymnes Inachevés - Grèce / Editions Gallimard, collection La Pléiade, Paris, 1967

 

 

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Je ne voulais pas faire ce voyage dans une cabine

29 Juillet 2017, 08:28am

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"Si vous appreniez à parler toutes les langues et vous conformiez aux coutumes de toutes les nations, si vous voyagiez plus loin que tous les voyageurs, si vous vous sentiez chez vous sous tous les climats, si vous forciez le Sphinx à se fracasser la tête contre une pierre, vous devriez pourtant obéir au précepte du vieux philosophe: Explore-toi toi-même. Cette entreprise exige le regard juste et la détermination. [...]

Je ne voulais pas faire ce voyage dans un cabine, mais plutôt devant le mât et sur le pont du monde car c'est là que je pouvais le mieux voir le clair de lune au milieu des montagnes."

Henry David Thoreau, Walden

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lectures analogiques entre Granada (Espagne) et Toulouse (France) - session 2016

7 Mars 2017, 15:06pm

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ils sont arrivés...

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Just Looking

7 Octobre 2016, 15:30pm

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Just Looking
Street observation equipment. From Rojō kansatsugaku nyūmon [Street Observation Studies Primer] eds. Genpei Akasegawa, Terunobu Fujimori, and Shinbo Minami (Tokyo: Chikuma Shōbō, 1986)

Street observation equipment. From Rojō kansatsugaku nyūmon [Street Observation Studies Primer] eds. Genpei Akasegawa, Terunobu Fujimori, and Shinbo Minami (Tokyo: Chikuma Shōbō, 1986)

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Théâtres du Gers : inauguration du 17 septembre 2016

17 Septembre 2016, 22:27pm

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Helène Mathon, discours d'inauguration du théâtre temporaire le Nouveau Monde à Cologne (Gers, France) le 17 septembre 2016

"Nous avons inauguré le 17 Septembre Le nouveau mOnde. Le titre est ambitieux, le projet ne l’est pas moins. Une ambition qui tient tout entière dans une conviction profonde : celle de la nécessité d’une rénovation sociale, environnementale et culturelle. Et de la responsabilité qui incombe aux artistes de tisser les contours d’un autre rapport au monde.

La proposition du Nouveau Monde est totale. Elle met en jeu ce qui pourrait être un théâtre cohérent, depuis le bâtiment jusqu’à la proposition scénique qu’il abrite. Un espace tout entier dédié à réfléchir les questions contemporaines, qu’elles soient d’ordre environnemental, social ou culturel. Il est absolument original et contemporain, inscrit dans une période troublée et riche en questionnements de toutes sortes. Il s’inscrit ainsi dans notre désir de poser une petite pierre dans le jardin d’une nouvelle construction d’un monde à venir, conscients de l’agonie de celui d’aujourd’hui

Le 17 Septembre, nous n'avons pas fait « spectacle » au sens traditionnel, nous avons fait mieux : un geste. Nous avons tenté de fabriquer des images symboliques avec notre sensation d’être au monde aujourd’hui. Non pas poser des mots mais poser des images faites de corps réels. A l’horreur des images aussi violentes qu’irréelles que vomissent les écrans, nous avons opposé la présence de nos corps fragiles. A nos sensations d’impuissance, la mise en commun de nos désirs et de nos savoirs-faires.

Le Nouveau Monde n’existe pas encore, notre travail est de batailler avec les restes de nos utopies fracassées et, comme les artistes bruts, de déceler la beauté dans l’agencement de ces fragments du monde. L’histoire aujourd’hui semble vaciller, comme la chandelle de l’humanité qu’un grand vent menace. Nous sommes petits, nous sommes humbles, nous faisons peu de bruit, mais nous sommes là, ensembles. Nous n’avons renoncé à rien, ni a la joie, ni aux nos désaccords, ni à l’usage des marteaux, des perceuses et des clous.

Nous croyons à cette forme de pensée qui passe par la main que j’appelle depuis longtemps théâtre."

Hélène Mathon, le 17 Septembre 2016.

Le Nouveau Monde vous attend jusqu'au 8 /1O, à Cologne, dans le Gers. Prochain spectacle: Souvenirs assassins de S.Valletti, dimanche 25 à 20h30

Théâtres du Gers : inauguration du 17 septembre 2016
Théâtres du Gers : inauguration du 17 septembre 2016
Théâtres du Gers : inauguration du 17 septembre 2016

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Cuando alguien va al teatro

10 Septembre 2016, 13:48pm

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« Cuando alguien va al teatro, a un concierto o a una fiesta de cualquier índole que sea, si la fiesta es de su agrado, recuerda inmediatamente y lamenta que las personas que él quiere no se encuentren allí. ‘Lo que le gustaría esto a mi hermana, a mi padre’, piensa, y no goza ya del espectáculo sino a través de una leve melancolía. Ésta es la melancolía que yo siento, no por la gente de mi casa, que sería pequeño y ruin, sino por todas las criaturas que por falta de medios y por desgracia suya no gozan del supremo bien de la belleza que es vida y es bondad y es serenidad y es pasión.

Por eso no tengo nunca un libro, porque regalo cuantos compro, que son infinitos, y por eso estoy aquí honorado y contento de inaugurar esta biblioteca del pueblo, la primera seguramente en toda la provincia de Granada.

No sólo de pan vive el hombre. Yo, si tuviera hambre y estuviera desvalido en la calle no pediría un pan; sino que pediría medio pan y un libro. Y yo ataco desde aquí violentamente a los que solamente hablan de reivindicaciones económicas sin nombrar jamás las reivindicaciones culturales que es lo que los pueblos piden a gritos. Bien está que todos los hombres coman, pero que todos los hombres sepan. »

Federico García Lorca

Discurso pronunciado por Federico Garcia Lorca en la inauguración de la biblioteca de su pueblo natal, Fuente Vaqueros, en 1931 (source : http://revedespagne.over-blog.com/ )

« Quand quelqu'un va au théâtre, à un concert ou à une fête quelle qu'elle soit, si le spectacle lui plaît il évoque tout de suite ses proches absents et s'en désole: "Comme cela plairait à ma soeur, à mon père !" pensera-t-il et il ne profitera dès lors du spectacle qu'avec une légère mélancolie. C'est cette mélancolie que je ressens, non pour les membres de ma famille, ce qui serait mesquin, mais pour tous les êtres qui, par manque de moyens et à cause de leur propre malheur ne profitent pas du suprême bien qu'est la beauté, la beauté qui est vie, bonté, sérénité et passion.

C'est pour cela que je n'ai jamais de livres. A peine en ai-je acheté un, que je l'offre. J'en ai donné une multitude. Et c'est la raison pour laquelle je suis honoré d'être là, et heureux d'inaugurer cette bibliothèque du peuple, la première sûrement de toute la province de Grenade.

L'homme ne vit pas que de pain. Moi si j'avais faim et me trouvais démuni dans la rue, je ne demanderais pas un pain mais un demi-pain et un livre. Et depuis ce lieu où nous sommes, j'attaque violemment ceux qui ne parlent que revendications économiques sans jamais parler de revendications culturelles : ce sont celles-ci que les peuples réclament à grands cris. Que tous les hommes mangent est une bonne chose, mais il faut que tous les hommes accèdent au savoir. »

Federico García Lorca, discours pour l'inauguration de la bibliothèque de son village natal, Fuente Vaqueros (Vega de Granada) (source : http://revedespagne.over-blog.com/ )

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http://learning-from.over-blog.fr/article-we-live-for-tomorrow-71440646.html

image Lucie Chaboussou et Roxane Chabal

image Lucie Chaboussou et Roxane Chabal

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