Ateliers Learning From (film 2010)
workshop 2010
"L'école d'architecture de Toulouse vient de mettre en place un atelier international d'expérimentation et de recherche sur le logement collectif en liaison avec l'Afrique du Sud. Dans cet atelier intitulé Learning From [Toulouse-Johannesburg], il s'agit pour les étudiants architectes de travailler sur nos propres problèmes de logement français tout en regardant attentivement comment d'autres populations affrontent ces questions dans des situations apparemment très éloignées des nôtres.
L'équipe d'étude de l'école de Toulouse, composée de 12 étudiants et dirigée par les architectes et enseignants Christophe Hutin et Daniel Estevez, s'est donc déplacée dans la ville de Johannesburg du 18 au 28 novembre 2010. Là, dans les locaux mis à disposition par l'Institut Français en Afrique du Sud, un atelier intensif de projet a été mené en collaboration entre les étudiants français et sud-africains. Ces travaux étaient associés à des conférences données par différents architectes et artistes invités, mais aussi à des échanges avec des professionnels européens et africains des questions de logements urbains. Les travaux sur place se sont clôturés à la fin de la semaine par une présentation des projets par les étudiants eux-même au public de Johannesburg et aux représentants des institutions concernées.
Ces projets portaient sur la réhabilitation de la Florence House, un ancien hôpital du centre ville désaffecté et occupé actuellement par 300 familles qui squattent de fait cet édifice. Les étudiants ont visité et relevé l'édifice, rencontré et interrogé les familles d'habitants et tenté de comprendre la complexité du contexte d'intervention et les principes d'organisation des squatters. Les résultats montrent d'abord que, malgré les différences des situations urbaines et des conditions de vie, les ressemblances sont plus grandes qu'on ne l'imagine entre Europe et Afrique du Sud. Car les problèmes de logements traversent en fait la réalité urbaine à l'échelle mondiale presque indépendamment des questions locales : pénurie de logements accessibles, habitat de relégation, ségrégation, processus d'étalement urbain et désertification des centre-villes sont des maux qui semblent prendre aujourd'hui un caractère universel. Et ici comme là-bas, très souvent la démolition-reconstruction et le déplacement-remplacement des habitants en place est la seule stratégie proposée pour faire face à la dégradation des bâtiments de logements existants. L'atelier Learning From propose aux étudiants français et sud-africains de conduire des projets expérimentaux qui explorent des alternatives crédibles à la démolition systématique ou bien à l'étalement résidentiel. L'approche du projet est fondée sur un dialogue productif où chaque partenaire, selon sa culture, apporte dans chaque expérience son expertise et son regard critique.
Le choix de collaborer avec la ville de Johannesburg en Afrique du Sud a été rendu possible pour l'école de Toulouse grâce à l'appui des expériences déjà menées par le European Union National Institutes for Culture of South Africa (EUNIC) dont les travaux sont dirigés par l'architecte Christophe Hutin également enseignant à Toulouse et responsable de l'atelier Learning From. Cet événement EUNIC Studio avait été créée tout d'abord en 2008 en partenariat avec les Instituts culturels européens implantés à Johannesburg, il se prolonge donc aujourd'hui avec la participation directe de l'école d'architecture de Toulouse et de ses étudiants.
Que peut-on apprendre des situations urbaines rencontrées en Afrique du Sud ? Nous pouvons apprendre beaucoup, c'est bien ce que démontrent les travaux menés cette année à Johannesburg : l'énergie, les gens, la créativité, l'intelligence d'adaptation des usages, la réutilisation et l'économie de la construction, l'utilisation productive des contraintes, l'art d'habiter tous les lieux, voilà quelques uns des thèmes qui sont sous-jacents aux projets produits par les étudiants. L'expérience est concluante, les étudiants architectes ont été transformés par ce voyage et un nouvel atelier Learning From est d'ores et déjà programmé pour l'année prochaine avec d'autres équipes, d'autres sites et le même enthousiasme."
(communiqué de presse décembre 2010)
Architects may say no
Emancipation
A talk with Bob Nameng, orphanage director in Cliptown
Privacy
a shack in Soweto, LF 2010
Cultural sustainability
Carin Smuts, architect
interview excerpt, Johannesburg 2010
Where conversations start
Est-ce que ce sera beau ?
Pourquoi l'architecture n'utiliserait pas le décor éphémère produit par les habitants pour communiquer ? Un décor pour les jours gais, un autre pour les jours tristes, - un décor qui se renouvelle avec le temps. Nous utilisons toute une gamme de mimiques pour communiquer nos humeurs ; pourquoi les villes n'utiliseraient-elles pas certaines sortes de mimiques périodiquement changées ?
Yona Friedman, L'architecture de survie
Peter Rich Architects, The Alexandra Interpretation Centre
Place and occasion
Quoi que signifient l'espace et le temps, le lieu et l'occasion signifient davantage. Car l'espace à l'image de l'homme est le lieu et le temps à l'image de l'homme est l'occasion.
Whatever space and time mean, place and occasion mean more. For space in the image of man is place, and time in the image of man is occasion.
Aldo Van Eyck, 1962
Lack of space
Photograph based on a contribution of Papalagi Studio, Madrid
D'abord la rue
Accorder une égale attention aux habitations et à la rue signifie traiter cette dernière non pas comme un espace résiduel entre les bâtiments, mais comme un élément complémentaire fondamental, dont l'organisation spatiale soit assez soignée pour que la rue puisse servir à d'autres fins que le trafic motorisé.
Playing equal attention to housing and street alike means treating the street not merely as the residual space between housing blocks, but rather as a fundamentally complementary element, spatially dialogue between inhabitants to take place. The street was, originally, the space for actions [...]
Herman Hertzberger, Lessons for students in architecture
photographie Papalagi Studio
Public space as a vector for reinvention (preliminary draft)
Margaux Dufetelle, Ruairidh Macleod, Audrey Aydin, Simon Tollman, workshop 2010
Arts On Main
Retour à Hillbrow
Energy and people
We are really interested in the energy in people, and I think that’s what is slightly different from the energy that is in a solar panels.
Carin Smuts, EUNIC studio 2010
Taking care of the place
"We think the act of cleaning provides an opportune moment to carefully observe the environment and its phenomena, [...] it can also be said that a new spatiality is emerging through your corporeal sensations as you check every nook and cranny of the room: in washing pillars, in sweeping floors; or in polishing windows. This must be a clue to the third kind of spatiality, similar to what Henri Lefebvre called the spatial practice."
Atelier bow-wow, Echo of Space / Space of Echo.
Garden of resistance
Jardins de résistance. Par jardin de résistance il faut entendre l’ensemble des espaces publics et privés où l’art de jardiner se développe selon des critères d’équilibre entre la nature et l’homme sans asservissement aux tyrannies du marché mais avec le souci de préserver tous les mécanismes vitaux, toutes les diversités dans le plus grand souci de préserver le bien commun.
Gilles Clément, Manifeste du Tiers Paysage
Dancing in the Street
Why is it that people don't dance in the streets today ?
Christopher Alexander, a pattern language
From seat to settlement
The most elementary provision to enable people to take possession of their direct environment is probably the provision of seating (the opportunity to seat oneself having everything to do, linguistically, with settlement ). A place to sit offers an opportunity for temporary appropriation, while creating the circumstances for contact with others.
Herman Hertzberger, lesson for students in architecture
Off Worlds
Les hauts murs d'enceinte sont souvent hérissés de pics métalliques, de barbelés coupants et, depuis peu, de fils électriques reliés à des alarmes. Les alarmes des maisons sont toutes dotées de télécommandes longue distance individuelles portables, et reliées à des entreprises de sécurité garantissant une réponse armée. La nature surréaliste de la violence fantasmée que cela implique m'est apparue un jour alors que je me promenais avec un collègue dans Westdene, un quartier plutôt middle class de la banlieue Nord. Une camionnette d'une entreprise de sécurité locale garée dans une rue arborait sur sa portière une grande publicité déclarant fièrement que l'entreprise répondait aux alertes " avec armes à feu et explosifs". Avec des explosifs ? [...]
Enclaves fortifiée, edge cities conçue comme des parcs à thème, extirpées de leurs propres paysages sociaux mais intégrées dans une cyber-Californie mondialisée flottant dans l'éther numérique : tout nous ramène à Philip K. Dick.
Dans leurs prisons dorées, les membres de la bourgeoisie urbaine du tiers monde cessent d'être des citoyens de leurs propre pays pour devenir des nomades appartenant, et devant allégeance, à la topographie déterritorialisée de l'argent : ils se transforment en patriotes de la fortune, en nationalistes d'un nulle part évanescent et doré.
Sur le terrain, pendant ce temps, les urbains pauvres demeurent désespérément embourbés dans l'écologie du bidonville.
The high perimeter walls are often topped by metal spikes, razor wire, and more recently, electrified wiring connected to emergency alarms. In conjunction with portable "panic button" devices, the house alarms are electronically connected to "armed response" security companies. The surreal nature of such implicit violence was highlighted in my mind one day when walking with a colleague in Westdene, one of the more middle-class neighborhoods of the Northern suburbs. On the streets was parked a minivan from a local security company that boasted in large letters on the vehicles's side panel that they respond with "firearms and explosives". Explosives ? [...]
Mike Davis, Planet of Slum (trad. J Mailhos)
Network of learning
In a society which emphasizes teaching, children and students -and adults- become passive and unable to think or act for themselves. Creative, active individuals can only grow up in a society which emphasizes learning instead of teaching.
Christopher Alexander, a pattern language
L'appropriation sociale de l'architecture
"Voilà ce que je veux inculquer aux élèves. Échapper à leurs dessins, composer en se promenant. L'oeil est un point fixe et l'architecture doit pivoter de toute sa masse autour du regard. C'est comme cela qu'on apprend à construire, et construire des cités où il est agréable de vivre."
L'oeuvre de Fernand Pouillon a toujours répondu à ce plaidoyer pour une architecture du mouvement et du bien-être. L'architecture doit pivoter autour du regard, elle organise la vie à hauteur d'homme et la construction n'est rien si elle ne permet pas d'accéder à une vie sociale dense et durable. Tel est le message. Ici la construction est contrôlée dans ses détails précis mais avant tout elle est maîtrisée dans ses coûts pour servir un but social.
Les résultats son convaincants. La beauté de la cité Climat de France à Alger montre, aujourd'hui encore de façon exemplaire, ce que l'appropriation sociale apporte à l'architecture quand celle-ci est construite avec précision, rigueur et surtout avec retenue. Elle lui apporte son contenu, sa signification.
L'appropriation sociale de l'architecture, c'est cette multitude d'actes, de gestes, d'attentions, de soins ou d'habitudes quotidiennes par lesquels les habitants activent le bienveillant bâti qui les accueille. L'appropriation, c'est le désordre de la vie, du linge au fenêtre, des fleurs aux balcons, du bruit et des réunions sur les terrasses.
Mais cette activation de la pierre et du béton par les êtres humains qui y habitent ne va pas de soi. Elle est en fait rendue possible par le métier de l'architecte. Le métier résulte directement de sa capacité à articuler dans un même bâtiment qualités sensibles, qualités d'usage et économie de la fabrication. C'est là l'humanisme de l'architecte, il se refuse à être un planificateur en surplomb. Un spécialiste des plans masses qui organisent des morceaux de sucre vus d'avion. "Je préfère mille architecte à un seul urbaniste" disait ironiquement le mois dernier Jean-Philippe Vassal lors d'une conférence à l'école d'architecture de Toulouse. Fernand Pouillon n'aurait probablement pas désavoué cette sentence.
Plan Libre #82 journal de l'architecture, éditorial mai 2010
Structure as a generative spine
Diverses interprétations individuelles peuvent coïncider dans le temps, et donc constituer un tout, grâce à une structure qui concilie la diversité des formes d'expression individuelles. [...] Nous retiendrons l'image d'un tissu dont la chaîne constitue la structure de base et auquel la trame peut conférer la plus grande diversité imaginable. Si la chaîne doit être solide et présenter la bonne tension, elle se limite à servir de base. Car c'est la trame qui selon l'imagination du tisserand, donne au tissu sa couleur, son motif et sa texture.
Individuals interpretations can coincide in time, thereby constituting one whole, thanks to a structure that reconciles the diversity of individual forms of expression. [...] Let us take the image of a fabric such as that constituted by warp and weft. You could say that the warp establishes the basic ordering of the fabric, and in doing so creates the opportunity to achieve the greatest possible variety and colourfulness with the weft. The warp must be first and foremost be strong and of the correct tension, but as regards colour it needs merely to serve as a base. It is the weft that gives colour, pattern and texture to the fabric, depending on the imagination of the weaver.
Herman Hertzberger, Lessons for students in architecture
In-between
Le seuil est la clé de la transition et de la connexion entre des zones soumises à des prétentions territoriales différentes, et, en tant que lieu à part entière, il constitue la condition spatiale de la rencontre et du dialogue entre des espaces d'ordres différents.
The threshold provides the key to the transition and connection between areas with divergent territorial claims and, as a place in its own right, it constitutes, essentially, the spatial condition for the meeting and dialogue between areas of different orders.
Herman Hertzberger, lessons for students in architecture
Territorial claims
Une zone ouverte, pièce ou espace peuvent être conçus soit comme des domaines plus ou moins privés soit comme des lieux publics selon leur degré d'accessibilité, la manière dont ils sont surveillés, qui les utilise, qui s'en occupe et qui en est responsable.
Votre propre chambre est privée par rapport au séjour ou à la cuisine de la maison dans laquelle vous vivez. C'est vous qui en avez la clé, c'est vous qui vous en occupez. L'entretien du séjour et de la cuisine est en principe pris en charge par les habitants de la maison qui possèdent tous la clé de la porte d'entrée. [...]
Les notions de public et de privé sont insuffisantes, les espaces dits semi-publics ou semi-privés, souvent cachés entre les deux, étant quant à eux trop équivoques pour rendre compte des subtilités qui'l s'agit de prendre en compte lors de la conception de chaque espace et de chaque zone. [...]
Chaque fois qu'un individu ou un groupe a l'occasion d'utiliser une portion d'espace public dans son propre intérêt, et indirectement seulement dans l'intérêt des autres, le caractère public de l'espace est temporairement ou durablement relativisé par cet usage.
An open area, room or space may be conceived either as a more or less private place or as a public area, depending on the degree of accessibility, the form of supervision, who uses it, who takes care of it, and their respective responsibilities.
Your own room is private vis à vis the living room and e.g. the kitchen of the house you live in. You have a key to your own room, which you look after yourself. Care and maintenance of the living room and kitchen is basically a responsibility shared by those living in the house, all of whom have a key to the front door.[...]
The terms public and private are inadequate, while the so-called semi-private or semi-public areas which are often tucked away inbetween are too equivocal to accommodate the subtleties that must be taken into account in designing for every space and every area. [...]
Wherever individuals or groups are given the opportunity to use parts of the public space in their own interest, and only indirectly in the interest of others, the public nature of the space is temporarily or permanently put into perspective through that use.
Herman Hertzberger, Lessons for students in architecture
The emergence of collectivity
Extraire puis abstraire les initiatives pratiques émanant du chaos apparent des normes populaires permettrait peut-être aux spécialistes de l'urbanisation d'apporter à l'approche "descendante" les ajustements nécessaires pour lui rendre sa pertinence dans les villes bouillonnantes d'urgence et de solutions, et pour soutenir, voire accélérer, leur développement. Les villes d'aujourd'hui évoluent à un rythme sans précédent, tandis que s'étale sous nos yeux un trésor de "réponses d'utilisateurs" cohérentes à la condition urbaine moderne. À nous d'apprendre à les lire avant de nous embarquer dans de nouvelles créations.
Perhaps by extracting and abstracting the practical initiative from the apparent chaos of popular norms, urban professionals can inform the adjustments necessary for "top-down" planning to regain relevance in cities seething with both urgency and solutions and that can support and potentially further accelerate current development. As today's cities change at unprecedented speeds, we have a wealth of coherent "user responses" to the modern urban condition. It is essential to "read" them before embarking on new creations.
Ekim Tan, Diana Ibanez Lopez "L'avènement de la collectivité" in l'Architecture d'Aujourd'hui n°378
Arriving in Joburg